Le Don Monétaire

La force de la monnaie au service du bien commun  

L’appel au secours !

En réaction aux conséquences économiques dramatiques de la pandémie Covid19, les Etats, assureurs en dernier ressort de tous et de tout, s’endettent massivement et ouvrent, en toutes directions, les vannes des aides financières. Ils veulent éviter une répétition de la crise de 1929. Ils ont raison sur l’analyse, il faut éviter un effondrement économique ; ils ont raison sur le remède, l’ouverture des vannes financières facilite la survie de chacun et permettra de reconstruire plus facilement.  Mais ils ont tort sur la fabrication du remède dont, à terme, le patient pourrait mourir.  En effet, le recours à l’endettement public n’est pas le moyen adéquat, il n’est qu’un pis-aller dans une trousse médicale largement dégarnie d’Etats démunis et sous-équipés financièrement.

Cet endettement public, bridé par des contraintes budgétaires, sera insuffisant, les Etats ne pourront que limiter la casse sans même penser à reconstruire ou définir un projet d’avenir. De plus, cet endettement financé par des emprunts publics immédiatement refinancés par les banques commerciales auprès de la Banque centrale pose de graves problèmes éthiques. Comment, en effet, justifier moralement la rémunération de cet intermédiaire dans le financement de la réponse à ce drame commun ? Et ce au moment où l’on remercie nos infirmières, nos médecins, nos éboueurs, nos chauffeurs de bus, nos facteurs ?

Dès lors, deux questions surgissent immédiatement :

  1. Pourquoi la BCE, Institution publique, ne finance-t-elle pas directement les Etats plutôt que de passer par des intermédiaires bancaires ?
  2. Pourquoi le BCE ne donne-t-elle pas cette aide plutôt que de la prêter ?

Poser ces questions, c’est y répondre. La capacité d’action théoriquement illimitée de la BCE ne peut se déployer à cause de ses propres statuts et de la structure du système monétaire qui confère une situation de contrôle de l’action publique au secteur financier. Les réformes apportées au système financier dans les récentes décennies montrent l’étendue de leur échec. Les politiques monétaires non conventionnelles en réponse à la crise de 2007 et, maintenant, la nécessité d’aider au redémarrage d’une économie à l’arrêt montrent à suffisance que la politique monétaire doit rejoindre son giron naturel, la politique. … Mais pas dans n’importe quelle condition. 

Le don monétaire, la solution

Pour surmonter ces dysfonctionnements, je propose que créions « le don monétaire ». Dans ma conception, le don monétaire est le don de monnaie issue de la création monétaire de Banque centrale, offert à l’autorité publique pour financer des investissements publics ou pour réaliser des actions jugées d’intérêt collectif majeur. Le don monétaire est un financement direct, sans intermédiaire, libre d’endettement public, parfaitement adapté au financement des dépenses exceptionnelles telles que celles engagées dans la lutte contre la pandémie et parfaitement adapté aux investissements publics menés dans l’intérêt général, le bien commun et le bien public. Ainsi, en opposition frontale à la célèbre « main invisible du marché », le don monétaire constituerait la « main visible de la volonté politique » qui apporterait un financement aux projets et actions en vue de réaliser le bien commun et le bien public. 

Dans mon esprit, la capacité d’octroyer des dons monétaires devrait être attribuée à une Institution démocratique européenne spécifique, indépendante de la Commission, du Parlement et du Conseil européens ainsi que de la BCE mais agissant en concertation avec eux. Elle aurait le droit de décréter le don monétaire sur base de propositions de l’exécutif européen. Ce don serait, par définition, exclusivement affecté au financement d’investissements publics ou d’actions collectives d’intérêt majeur, il n’aurait aucun objectif de croissance économique ou d’inflation. En revanche, il devrait contribuer au bien-être de la société par la stabilité économique et monétaire, l’équilibre écologique et l’équilibre des finances publiques. C’est pourquoi, préalablement à toute décision, le donateur monétaire aurait l’obligation de faire une évaluation complète de ces critères en s’appuyant sur les indicateurs de développement durable tels que la pauvreté, la santé, l’éducation, l’énergie, l’économie, l’emploi, l’inflation, l’industrie, la culture, l’innovation, le climat, la biodiversité, etc.

Le don monétaire serait donc un droit limité[1] et contrôlé démocratiquement pour éviter d’en abuser. Parce qu’il donnera à tous les Etats membres de nouveaux moyens pour réaliser les indispensables investissements et les projets dans les domaines mentionnés ci-dessus et, parce qu’il obligera les Etats membres à discuter ensemble de projets positifs et constructifs, l’Institution du don monétaire pourrait être un puissant facteur d’intégration européenne. Cette Institution donnerait à l’Europe une nouvelle dynamique et une nouvelle gouvernance.

Sur le plan éthique, le don monétaire serait le droit que nous nous accordons de résoudre nos problèmes avec nos moyens créés et décidés ensemble. Et, à l’heure où l’on prépare la reconstruction post-covid19, où l’humanité doit prendre des orientations pour éviter les bouleversements climatiques et où il nous faut impérativement rétablir la biodiversité, le don monétaire pourrait être l’outil indispensable qui permettra de financer des projets utiles au bien commun alors qu’ils n’ont pas la rentabilité financière jugée indispensable par le secteur privé. La monnaie issue du don sera, selon moi, l’indispensable énergie qui permettra de faire avancer ces projets.  


[1] La limitation de ce droit permet de répondre aux caricaturales et généralement malintentionnées objections sur « l’abus de la planche à billets » et sur « les risques d’inflation ».

1 réflexion sur « Le Don Monétaire »

  1. Bravo pour cet entreprise que je cherche moi-même à exprimer depuis longtemps, félicitation. Par ailleurs serait il possible de financer un revenu universel de base de 1800 euros environs avec le DON MONETAIRE, ce qui permettrait comme vous le dites une sécurité et une stabilité permanente économique de base, qui éviterait les crises majeures, mais aussi éliminerait toutes pauvretés sociale, en assurant un minimum vital à tous et toutes, couvrant les fondamentaux de chacun, un grand progrès pour l’humanité et étendre cela aux pays sans économie de la planète, réglementé par une institution planétaire, comme vous le décrivez si bien, évitant les flux migratoires, les guerres et autres chaos… Merci à vous et très bonne continuation…

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