31 décembre 2019
Conventionnellement, l’histoire retient que le XXème siècle a démarré le 28 juillet 1914 avec la première guerre mondiale. Retiendra-t-elle le 11 décembre 2019 comme premier jour du XXIème siècle européen ?
Ça se pourrait bien ! Parce que, ce jour-là, en annonçant son « Green Deal », Ursula von der Leyen, Présidente et première femme à la tête de la Commission européenne, a indiqué que dorénavant tous les programmes européens incluraient les objectifs de neutralité carbone et de restauration de la biodiversité.
La portée de cette déclaration pourrait être immense. Elle équivaut à dire que dorénavant l’économie ne sera plus la priorité absolue, que dorénavant les activités économiques seront régulées par des valeurs supérieures liées au respect de la santé de notre planète, celle des espèces animales et végétales et, enfin, celle de l’humanité. Je crois qu’elle était parfaitement consciente de la révolution de la pensée politique et économique qu’implique cette déclaration mais elle s’est bien abstenue de souligner ce renversement de perspectives.
Quel bond en avant dans la pensée économique traditionnelle ! Cette déclaration s’inscrit dans une suite de ruptures historiques qui ont façonné notre mode de vie. Le XIXème siècle européen a consacré le libéralisme économique, le XXème siècle a créé l’économie sociale de marché et là, avec cette déclaration, Ursula von der Leyen augure d’un XXIème siècle dominé par une économie de marché sociale et écologique.
C’est un projet qui devrait être mobilisateur, particulièrement pour la jeunesse angoissée par les perspectives climatiques, un projet aux antipodes des perspectives des partis politiques nationalistes, conservateurs et populistes prônant, partout en Europe, le repli sur soi, le retour à une grandeur passée et le retour d’un libéralisme économique complètement dérégulé.
Mais ne nous réjouissons pas trop vite, les résistances seront grandes et le « Green Deal » souffre encore d’une maladie congénitale qui pourrait le tuer. Il manque cruellement d’argent ! Pour financer tous ses projets, une autre femme, Christine Lagarde, Gouverneure de la BCE (Banque centrale européenne), pourrait intervenir. Dès 2020, elle entend obtenir un nouveau mandat de politique monétaire de l’Union européenne qui devrait intégrer la dimension climatique et faciliter le financement de la transition écologique. J’espère qu’elle osera aller jusqu’à demander le financement des investissements publics de la transition écologique par la BCE. La révolution intellectuelle serait alors complète !
Ainsi, avec un volet monétaire rénové, tous les éléments nécessaires au développement d’une « économie monétaire de marché sociale et écologique » seraient réunis afin de surmonter nos grands défis, pauvreté, réchauffement climatique et disparition de la biodiversité. Les piliers fondamentaux de l’économie ; à savoir le travail, la nature et la monnaie ; seraient enfin dotés de mécanismes visant à préserver leur durabilité.
Quelle heureuse perspective ! Alors, le XXIème siècle a-t-il vraiment démarré le 11 décembre 2019 ? Espérons-le et espérons que l’année 2020 permette de progresser dans cette révolution copernicienne « d’économie monétaire de marché sociale et écologique ». Espérons aussi que ce concept inspire ceux qui sont responsables de donner un gouvernement à la Belgique.
Je vous souhaite une excellente année 2020 !